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Les lézardes de feu
Les lézardes de feu
J’ai grandi sous le chant des grands-mères
voix de ruisseau, voix d’herbe, oiseaux d’hiver
Cheveux blancs et longues robes noires
Dans le village, effrayantes sorcières
cours cours petite fille
ne te retourne pas
suis la chatte noire
qui porte dans ses yeux
les lézardes de feu
Dans les chambres obscures elles m’enfermèrent
Pour que je sois calme et silencieuse
Savaient-elles qu’ainsi naissent
les chemins menant aux joies miraculeuses ?
cours cours petite fille
ne te retourne pas
suis la chatte noire
qui porte dans ses yeux
les lézardes de feu
Au vent tempétueux j’ai ouvert toutes les fenêtres
Offrant mes nuits aux hululements des harpies
Cœur de serres et de fureur, amulettes qu’elles me confièrent
Contre l’immolation des rêves, les sanglots et la peur.
cours cours petite fille
ne te retourne pas
suis la chatte noire
qui porte dans ses yeux
les lézardes de feu
Combien sommes-nous à rêver le désencerclement
l’ouverture des portes, le désenchaînement des pierres
pour que surgisse enfin celle que nous nommons mère
et qui n’est autre que l’heure magique de l’aurore.
Poème Ana Minski, extrait du prochain numéro de la revue Behigorri
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